En 2019, l’Interfédé a mené une enquête qui a permis d’objectiver la diminution des stagiaires en formation et de mieux comprendre cette problématique. Aujourd’hui, l’Interfédération des CISP souhaite partager cinq priorités politiques qu’elle a identifiées en soutien à la précarité croissante du public que nous accueillons en formation. Ces priorités ont été transmises à notre Ministre de tutelle Christie Morreale pour qu’elle puisse prendre en compte celles-ci dans le cadre des mesures dédiées au Plan wallon de lutte contre la pauvreté.
Le secteur CISP constate une précarité croissante du public en formation liée à des difficultés financières, à des problématiques de santé, de logement, personnelles et relationnelles. Le cumul de ces difficultés a un impact sur la disponibilité, l’entrée et le maintien en formation des stagiaires. L’enquête menée par l’Interfédé sur la diminution des stagiaires en formation permet de d’objectiver et de mieux comprendre cette problématique. L’enquête comprend diverses données chiffrées récoltées en 2016, 2017 et 2018 ainsi que des questions ouvertes concernant les raisons de la baisse de fréquentation et de l’augmentation des abandons.
Face à la précarisation croissante des stagiaires, nous demandons une réponse politique globale au niveau de la Région wallonne, notamment dans le cadre des mesures du plan wallon de lutte contre la pauvreté. Le secteur formule cinq propositions politiques reprises ci-dessous. En outre, le secteur apporte de son côté une réponse plus opérationnelle pour accompagner les CISP face à l’évolution du public. A travers ces propositions, notre objectif est de pouvoir davantage sécuriser les parcours des stagiaires en situation de précarité.
Les CISP soutiennent les demandeurs d’emploi dans leur démarche de formation pour acquérir de nouvelles compétences, aptitudes et connaissances en vue de faciliter leur intégration sociale et (ré)insertion sur le marché du travail. L’objectif de nos formations n’est pas uniquement l’accès à l’emploi, notre approche comprend également un volet social essentiel qui vise à lutter contre la déqualification et la désaffiliation sociale.
1. Revaloriser le montant de l’indemnité horaire de formation des stagiaires (et augmenter la subvention des EFT en conséquence ou recourir à un contrat F70bis)
- La situation socio-économique des stagiaires est déterminante dans la réussite du parcours de formation ; des stagiaires ne peuvent aller au terme de leur formation faute de moyens de subsistance suffisants (une enquête menée par Bruxelles-Formation en 2018 l’a spécifiquement démontré).
- L’indemnité horaire de formation n’a plus été augmentée depuis 1973.
- Le Gouvernement wallon a déjà début 2019 procédé à l’octroi d’une prime de formation supplémentaire pour les formations professionnelles dans les emplois en pénurie ; ce dernier dispose donc de moyens pour accorder des incitants à la formation.
2. Renforcer les mesures d’accompagnement psychosocial des stagiaires afin d’améliorer la prise en charge et l’accroche des publics les plus précarisés via un refinancement du forfait horaire de la subvention d’au moins 1€ par heure de formation stagiaire.
- La DPR 2019-2024 souligne, dans le cadre de la lutte transversale contre la pauvreté et pour la réduction des inégalités, la nécessité d’intensifier le plan wallon de lutte contre la pauvreté notamment par le renforcement du « cadre de l’insertion socioprofessionnelle et de la formation avec un objectif effectif d’insertion ».
- Les publics des CISP sont de plus en plus précarisés et nécessitent un accompagnement renforcé et personnalisé qui demande davantage de temps. Il est donc essentiel de pouvoir garantir la possibilité de prises en charge de durée plus longue pour les stagiaires les plus fragilisés en fonction de leurs besoins pour permettre une réelle (ré)insertion.
3. Uniformiser le statut des stagiaires EFT et DéFI en maintenant le montant de l’allocation de chômage ou d’insertion pendant toute la durée d’une formation dite temps plein en CISP.
Comme la question de la dégressivité des allocations de chômage dépend de la réglementation fédérale et que les leviers à ce niveau de pouvoir sont faibles actuellement, nous nous appuyons sur une démarche alternative pour suspendre la dégressivité des allocations de chômage pendant la durée de la formation en octroyant des contrats F70bis « administratifs » du Forem aux stagiaires concernés en EFT comme c’était le cas auparavant.
4. Obtenir un soutien financier supplémentaire et ponctuel de la Région wallonne pour aider les centres à adapter leurs filières de formation en fonction de l’évolution de leur public ou de l’offre de formation existante sur le territoire.
Les publics évoluent et sont souvent de plus en plus précarisés. Cela peut nécessiter une adaptation de l’offre de formation pour mieux répondre à leurs besoins ; or, cette adaptation nécessite souvent des investissements en équipements et infrastructures, des formations pour le personnel ou une préparation plus ou moins importante par exemple pour la négociation de nouveaux partenariats ou l’élaboration de nouveaux contenus pédagogiques.
5. Renforcer la coopération et les complémentarités entre les acteurs de formation des adultes.
Suite au constat partagé de difficultés de recrutement, une concurrence s’installe entre opérateurs au détriment d’un parcours fluide qui réponde aux besoins du stagiaire. Le secteur des CISP s’inquiète des effets pervers de cette concurrence qui se renforce de plus en plus dans plusieurs bassins d’emploi. Il convient de réfléchir au rôle de coordination que doivent jouer les IBEFE par rapport à la coordination sous régionale de l’offre de formation et son adaptation à la demande. Il convient aussi de poursuivre les projets en cours pour renforcer la reconnaissance des acquis d’apprentissage entre opérateurs de formation.