En cette période de rentrée scolaire, nous consacrons deux textes à une réflexion sur les systèmes éducatifs, leurs alternatives ou leurs réformes.
Notre étude s’attache à observer comment une association internationale d’associations interroge la question de l’appartenance de ces membres et les défis qui leur sont communs.
Toutes les associations membres de la Ficeméa prônent en effet l’éducation nouvelle mais, confrontées à des systèmes éducatifs variés, elles peuvent être amenées à des postures ou des positionnements diversifiés.
Notre analyse s’attache à notre propre système éducatif, dont les changements sont prônés de l’intérieur par le pacte d’excellence. Si des avancées positives sont incontestables, le pilotage du système éducatif prôné par ce plan semble toutefois problématique.
Ces deux textes étudient comment des agents peuvent lutter pour transformer les systèmes éducatifs.
Etude
Auto-évaluation d’une association d’associations – la FICEMEA
Par Jean Blairon et Jacqueline Fastrès
La Ficeméa est une association internationale qui vise à promouvoir « l’éducation nouvelle », qui est ainsi définie par l’association : « L’Éducation nouvelle a pour but l’émancipation des individus tout au long de leur vie, leur formation en qualité de citoyen afin de promouvoir la vie démocratique. ». Elle compte des membres dans de nombreux pays, sur plusieurs continents.
L’association a commandé à RTA une recherche-action destinée à soutenir une réflexion autour de l’identité commune à ces associations, dont les réalités sont bien différentes d’un endroit à l’autre. La recherche-action devait constituer une analyse des questions stratégiques posées à la Ficeméa par la diversité des pratiques que ses membres mettent en œuvre au quotidien.
La question de départ posée aux différents Ceméa était la suivante : « Compte tenu des pratiques que vous qualifieriez, s’agissant de vos actions, d’éducation nouvelle, comment décririez-vous les visées qu’elles entendent poursuivre ? ». 29 contributions ont été recueillies.
Nous en avons analysé les composantes communes et les pratiques spécifiques afin de relever les questions stratégiques qui se posent aux membres.
Au-delà de la situation particulière de cette association d’associations, cette recherche-action montre les enjeux que ce type de structure faîtière est amenée à rencontrer, en relation avec des systèmes éducatifs fort différents, et les questions que l’auto-évaluation peut permettre de traiter de manière commune.
Pacte d’excellence et néo-management
Par Jean Blairon
Cette analyse est issue d’une intervention de Jean Blairon dans les travaux de l’université d’été du Setca-SEL, en juillet 2018. Les travaux portaient sur l’état d’avancement du pacte d’excellence et sur les questions qu’il pose. Celles-ci avaient été instruites par Pierre Waaub et analysées dans son texte « Pilotage, contractualisation, évaluation, sanction ». Ce document servait de base aux travaux, en référence à l’avis n°3 du groupe central, qui est ici le matériau analysé par Jean Blairon.
Il apparaît que le pilotage du système éducatif préconisé par le pacte d’excellence s’inscrit clairement dans une vision néo-libérale. Les références au néo-management y sont nombreuses, derrière la commode couverture de « l’acteur » : individualisation de la relation professionnelle, responsabilisation, auto-contrôle, projet personnel de formation, etc. Les travaux de Jean-Pierre Le Goff dénonçant la « modernisation » sauvage de l’école et les « illusions du management », parus au début des années 2000, trouvent – malheureusement – un écho dans cette vision du pilotage. Peut-on tenter de retourner ces « illusions du management » ?
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